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Libération

La Pologne juge Jaruzelski dans l'indifférence.

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Le général doit répondre de la répression à Gdansk, en 1970.
publié le 16 mai 2001 à 0h53

Comme beaucoup d'autres dictateurs, le général Wojciech Jaruzelski a une santé fragile. Lunettes noires et costume gris, le vieil homme de 77 ans s'est pourtant présenté hier, canne à la main, au tribunal de Varsovie. Il répond de son rôle dans la répression sanglante de la révolte ouvrière de 1970 à Gdansk, qui a fait 44 morts, selon le bilan officiel, près de 100, selon des sources indépendantes.

Bras de fer. C'est pour relancer ce procès enlisé depuis 1996 que la justice a décidé de le transférer dans la capitale. En six ans d'audience, Jaruzelski n'était venu qu'une fois à la barre à Gdansk, ses défenseurs invoquant la fatigue de leur client l'empêchant de faire le voyage de 350 kilomètres. Son procès redémarre donc de zéro, avec, dès hier, un interminable bras de fer entre le procureur et les avocats qui demandent que l'acte d'accusation soit complètement reformulé. C'est demain que le tribunal décidera si cet acte ­ riche de quelque 400 pages ­ sera lu dans sa forme actuelle ou sera renvoyé au parquet. Jaruzelski encourt jusqu'à vingt-cinq ans de prison pour avoir donné l'ordre de tirer, à l'époque où il était ministre de la Défense, sur les ouvriers des chantiers navals de Gdansk et de Gdynia qui manifestaient contre une hausse des prix.

Une chose est sûre, ce procès sera long, avec un millier de témoins et environ cent volumes d'actes. Sur le banc des accusés siègent neuf autres dirigeants de l'époque, eux aussi âgés. «Les inculpés ont peu de chances d