Partout, on cherche à les interviewer. Et eux ne demandent que cela. Dissimulés derrière un site Internet, on ne sait précisément où ils vivent, en principe Madrid et Londres. Récemment, une télévision arabe de grande audience a failli les faire tomber dans un traquenard qui les aurait probablement ramenés à Alger. L'épisode n'a pas seulement l'intérêt de les crédibiliser. Il résume leur clandestinité, la guerre d'information qu'ils mènent contre les «décideurs», cette poignée de généraux qui assume le pouvoir réel en Algérie, et la menace qu'ils représentent désormais. Car de dossiers explosifs en révélations brûlantes impliquant le haut commandement de l'armée dans les massacres, ils ont fait du Web une arme redoutable. «Au-delà du faible coût, on aimait l'idée d'être les premiers cybercommandos, les premiers militaires d'un pays à s'emparer de la modernité», s'amuse le colonel B. Ali, qui se présente comme «chargé de la gestion sécuritaire» au secrétariat général du ministère de la Défense jusqu'à sa désertion à l'été 1998. Formé en Tchécoslovaquie et en URSS, il est le «porte-parole» du Maol (Mouvement algérien des officiers libres) dont le site anp.org s'est approprié les initiales de l'Armée nationale populaire, l'armée algérienne.
Algérie mafieuse. Depuis son premier communiqué, en mars 1999, la diffusion des «dossiers noirs» du régime mêlant vrais scoops et approximations fait un malheur «au pays» où ils circulent partout en photocopies : assassinats du présid