Un hôpital attaqué, des entreprises rackettées, leurs dirigeants brutalisés, des expatriés menacés: une nouvelle forme de violences frappe le Zimbabwe depuis le mois d'avril. En quelques semaines, plus d'une vingtaine d'entreprises et d'ONG ont ainsi été la cible de commandos aux accents guerriers et souvent xénophobes. Ils surgissent à l'improviste et réclament de l'argent et la réintégration d'employés licenciés, parfois depuis des années. A Harare la capitale, la principale clinique privée a ainsi été attaquée par ces bandes armées qui exigeaient la réinsertion de 35 salariés, aujourd'hui décédés. Quelques jours plus tard, c'est une firme textile de Bulawayo, la grande ville du Sud, qui s'est vu dépouillée d'une partie de ses équipements.
En début de semaine, une usine danoise, premier producteur de chewing-gum du pays, a dû fermer ses portes après des attaques répétées. Plusieurs ressortissants étrangers ont aussi été agressés dont l'ambassadeur du Canada à Harare. Résultat : Ottawa annonçait lundi la suspension de son aide économique et militaire. Le même jour à Bruxelles, l'Union européenne menaçait de sanctions.
«Poudre aux yeux.» Longtemps silencieux, le gouvernement zimbabwéen a donc fini par réagir. Mercredi le ministre de l'Intérieur John Nkomo a officiellement condamné cette nouvelle vague de terreur urbaine. Hier, dix personnes ont été arrêtées à Harare, gage de la nouvelle fermeté du gouvernement. Mais l'indignation soudaine du pouvoir ne convainc pas tout le mon