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Libération
Interview

«La réalité du fédéralisme piétine, le discours s'emballe».

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publié le 21 mai 2001 à 0h56

Strasbourg (UE) envoyé spécial

Le Parlement européen ouvrira le 30Êmai le bal des ratifications du traité de Nice, conclu dans la douleur en décembre 2000. Ce traité qui réforme les institutions européennes reste fortement critiqué par les eurodéputés, qui n'ont que le pouvoir de donner un «avis». Pour marquer leur désapprobation, ils ne se prononceront pas en faveur de la ratification par les Parlements nationaux ou les peuples (en cas de référendum). Mais le projet de résolution n'ose pas appeler à un rejet de ce traité que l'eurodéputé Jean-Louis Bourlanges (UDF), dans un entretien à Libération, juge pourtant catastrophique pour la construction communautaire. Strasbourg, au nom de l'élargissement, laissera chaque pays se prononcer à sa guise, à l'heure où l'Allemagne pousse à un saut vers la fédération européenne.

Le mot fédéralisme, jadis tabou, reviendrait-il aujourd'hui à la mode ?

C'est à la fois l'expression d'un malaise et une rouerie. Un malaise parce que chacun voit bien qu'au niveau d'intégration auquel est parvenue l'Union européenne, et à la veille d'un élargissement à 27 pays, il faut des institutions fortes et intégrées. Mais c'est aussi une rouerie : incapable de se réformer réellement et de se mettre d'accord sur un modèle institutionnel, l'Union vit un développement schizophrénique entre les réalités qui piétinent et les discours qui s'emballent. On paye les Européens de mots. L'adhésion verbale, depuis un an, de certains gouvernements à une Constitution euro