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Libération
Enquête

L'île aux jeux.

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Poussière d'île voisine de Guernesey, la petite Aurigny ne veut pas lâcher emplois et finances acquis grâce aux paris sportifs sur le Net. Quitte à se tourner vers les douteux e-casinos...
publié le 22 mai 2001 à 0h57

Aurigny, envoyé spécial.

La seule compagnie maritime qui desservait encore Aurigny, vert caillou de 5 kilomètres par 3 jeté au large du cap de La Hague, a interrompu ses liaisons cette année. C'est en parcourant le programme 2001 de ladite compagnie que les 2 400 habitants de l'île, les Riduniens, ont appris la chose. Nul n'avait pensé à les prévenir...

Ils ont pris la chose avec humour, et même sans déplaisir excessif, semble-t-il. Leur bout de terre, morceau de Cotentin dérivant dans les eaux brumeuses de la Manche, est la plus discrète des îles Anglo-Normandes et la plus soucieuse de sa tranquillité. Elle abrite une de ces microsociétés britanniques tailleuses de rosiers, buveuses de thé, qui se flattent de rester au large de la délinquance et ne reçoivent les visiteurs qu'au compte-gouttes. Par groupe de seize maximum, désormais : c'est la capacité des petits avions d'Aurigny Air, compagnie locale qui constitue le dernier lien avec le monde extérieur.

Les autorités du Royaume-Uni lui fichent une paix royale: Aurigny (Alderney, disent les Anglais) est un Etat semi-indépendant, doté de son Parlement (les «Etats»), qui est directement rattaché à la Couronne britannique, comme les autres Anglo-Normandes. La reine passera dire coucou le 12 juillet.

L'île a toutefois un méchant fil à la patte : elle est sous la tutelle économique de Guernesey, grande soeur qui l'aide à boucler ses fins de mois. Et cela, les Riduniens, tout à leur splendide isolement, ne le supportent que difficile