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Libération

La Géorgie crispe Moscou dans le conflit tchétchène

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La Russie l'accuse d'abriter des camps de rebelles.
publié le 24 mai 2001 à 0h58

Douissi (Géorgie)

envoyée spéciale

La lessive glacée pend dans les cours. Des femmes en foulard vaquent à leurs occupations: transport de bois, d'eau et achat des provisions. Adossés à des kiosques cabossés, des hommes attendent. La scène pourrait avoir lieu en Tchétchénie. Pourtant, elle se déroule à 170 km au nord-est de Tbilissi, dans les gorges de Pankissi au fond desquelles, depuis le début de l'offensive russe en Tchétchénie en octobre 1999, plusieurs milliers de réfugiés tchétchènes ont rejoint leurs lointains parents kistines, ces 4 000 Tchétchènes au passeport géorgien installés là depuis deux cents ans.

Comme toujours, ce sont les femmes qui racontent: «On a quitté Grozny dès les premières bombes, lâche Medina, 35 ans. En taxi, puis en bus. La frontière avec la Géorgie, on l'a passée à pied, elle n'était pas gardée.» Pour ces familles, il n'était pas question de fuir vers l'Ingouchie (république russe voisine de la Tchétchénie), «à travers le pseudo-corridor qui était en fait un traquenard». Depuis, ce groupe d'une dizaine d'institutrices de Grozny s'occupe des 600 enfants de l'école des réfugiés de la vallée.

Les quelque 7 000 réfugiés ­ principalement femmes, vieillards et enfants ­ recueillis par la Géorgie depuis le début de la seconde guerre en octobre 1999 soutiennent le président élu de la Tchétchénie, Aslan Maskhadov. Lasses, ces femmes n'ont qu'un désir: retourner en Tchétchénie. «Par peur et vengeance, avant de quitter la Tchétchénie, comme ils le prétendent,