Pékin de notre correspondant
George W. Bush a choisi de ne pas ménager le régime communiste chinois. Là où Bill Clinton n'avait rencontré le dalaï-lama que «fortuitement», dans le bureau de l'un de ses collaborateurs, l'actuel président a choisi de recevoir hier officiellement le leader tibétain en exil. Et il a soigneusement choisi son jour: la Chine célébrait hier en fanfare le cinquantième anniversaire de ce qu'elle nomme la «Libération pacifique du Tibet», en fait l'accord en 17 points par lequel l'armée chinoise, entrée au Tibet l'année précédente, a obtenu, le 23 mai 1951, la capitulation du gouvernement du dalaï-lama.
Protestations. Cette gifle s'ajoute à celle que représentait déjà l'autorisation sans précédent accordée au président taïwanais Chen Shui-bian de passer deux jours cette semaine à New York, une visite contre laquelle la Chine a protesté hier. Furieux contre cet accueil réservé aux deux bêtes noires de Pékin, accusées du crime suprême de séparatisme, le gouvernement chinois a choisi de répondre en mettant en avant l'image d'un Tibet heureux, en plein essor, et libéré du système féodal de l'époque des dalaï-lamas.
Les dirigeants chinois savent qu'ils ont perdu, à l'étranger, la bataille de la propagande face au dalaï-lama, prix Nobel de la paix et figure spirituelle adulée par une bonne partie de l'intelligentsia occidentale, particulièrement aux Etats-Unis. En Chine, en revanche, le leader bouddhiste a l'image de l'héritier du système qui maintenait 95 % de