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Libération

Teqoa, une colonie meurtrie

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Famille et voisins de Yossef, tué il y a quinze jours dans le désert de Judée, ne céderont pas face aux Palestiniens.
publié le 25 mai 2001 à 0h59

Teqoa envoyée spéciale

C'est une maison en construction comme on en voit beaucoup dans les colonies de peuplement. Façade en pierre grumeleuse, deux étages, petit jardin. Dans les gravats, Ezra et Rina regardent les ouvriers palestiniens travailler le béton. Le regard vide. Quinze jours après l'assassinat sauvage de leur fils Yossef, 14 ans, découvert, avec un de ses copains, massacré à coups de pierre dans une grotte du désert de Judée, le couple peine à s'intéresser aux finitions de sa maison. «Je ne ressens plus rien, juste un grand trou béant que rien ne peut combler», dit la mère. Vont-ils rester ici, avec leurs trois enfants, dans cette colonie de Teqoa qui, entre Bethléem et Hébron, est régulièrement la cible de tirs palestiniens ? Les yeux de Rina s'agrandissent, comme si la question lui paraissait insensée. «Bien sûr qu'on va rester ! Au contraire ! Le sang de mon fils est sur cette terre maintenant !»

Horreur. L'enquête est en cours, mais, pour les colons de Teqoa, cela ne fait aucun doute, ce sont des Arabes qui ont commis le double meurtre, probablement venus d'un village voisin. Pour eux, l'attaque était même préméditée. «Les garçons avaient raconté qu'ils allaient se promener dans le désert et qu'ils devaient boire le thé avec des Bédouins. Alors !», dit l'un d'eux. Tous sont encore sous le choc de la tuerie : «Moi qui ai vu les horreurs de la guerre d'Algérie, je ne peux pas comprendre comment ils ont pu faire ça : les os des enfants étaient broyés», raconte Dov