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Libération

Kabylie: nouvelles émeutes meurtrières.

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publié le 26 mai 2001 à 0h59

Désormais, c'est la nuit que s'embrase la Kabylie. Après la troisième soirée d'émeutes et de barricades, le jour s'était levé vendredi sur au moins quatre nouveaux morts. Dans la soirée, un jeune manifestant était tué et 15 autres blessés, dont un grièvement par balles à Tazmalt, à 250 km à l'est d'Alger. Un couvre-feu pourrait être imposé à la région, où «chaque village vit isolé par les coupures de routes ou de téléphones, respirant et bougeant au rythme de sa seule colère», explique un maire de Petite-Kabylie. Les manifestations sont reparties de plus belle après que, mardi, un policier a profané publiquement la stèle érigée à Tizi en mémoire d'une des 60 victimes de la première vague d'émeutes. Après avoir saccagé fleurs et photos, le policier a uriné sur le petit autel. Depuis, à Tizi, puis ailleurs, les jeunes gens se rassemblent la nuit devant la gendarmerie. Jets de pierres contre balles réelles. Dans de nombreux villages, les taxis et les magasins refusent désormais tout commerce avec des gendarmes, premières cibles de la colère populaire. Mais toute proximité avec le pouvoir et son entourage est aussi devenue intolérable. Jeudi, Khalida Messaoudi, conseillère du président Bouteflika et démissionnaire récente du RCD, a failli transformer en émeute le début d'une pacifique manifestation de femmes. Alors qu'elle voulait se glisser dans le cortège, des huées se sont élevées. «Khalida dehors», criaient les unes. «Khalida Lewinski», hurlaient les autres. Elle a été évacu