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Libération

Alger sourd face au brasier kabyle.

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Hier, Bouteflika n'a annoncé que de vagues «sanctions».
publié le 28 mai 2001 à 1h00

C'est désormais au rythme des émeutes et de marches imposantes que la vie en Kabylie semble devoir s'écouler. Après un répit d'une dizaine de jours, la région s'est à nouveau embrasée et, depuis une semaine, crie sa révolte contre le pouvoir. Pacifiquement ou violemment. Hier, c'est à Bejaïa, la deuxième ville de la région, que des milliers de personnes ont envahi les rues pour dénoncer la sanglante répression des émeutes qui secouent la Kabylie depuis plus d'un mois.

Devenus rituels, les slogans «Pouvoir assassin» et «Ulac smah» («Pas de pardon») résonnaient tout le long d'un cortège «troué» de banderoles réclamant «démocratie et libertés» ou simplement «une Algérie meilleure». Bandeaux et brassards noirs en signe de deuil, les manifestants, qui répondaient à un appel des comités de quartiers et de villages de la Petite Kabylie, ont défilé sans incidents à travers des rues jonchées de pierres et de ferraille. C'était là la marque des heurts de la veille, samedi, avec les brigades antiémeutes.

Provocations policières. Et, hier encore, alors que la foule se dispersait, des groupes de jeunes se sont attaqués à des édifices publics. Ils ont saccagé le siège d'Air Algérie, tout juste refait, et celui de la compagnie maritime Cnan, pendant que les brigades antiémeutes ripostaient à coups de grenades lacrymogènes. Les corps d'un couple âgé ont d'ailleurs été retrouvés samedi à Bejaïa. Morts, dit-on, asphyxiés par des gaz lacrymogènes lancés par ces brigades à l'intérieur de leur mai