Et si, au-delà de la tragédie que vit la Kabylie, la situation n'était pour une fois en Algérie pas «aussi compliquée que ça» ? Et si, dans ce pays «où les bruits de couloir sont érigés en stratégie de communication», comme l'écrit la Tribune, il y avait ces dernières semaines une contestation «réellement citoyenne», sans «obscurs marionnettistes» pour manipuler les manifestants ? Bref, une révolte «en vrai», face à «un système autoritaire incapable de comprendre les appels au changement de la société». C'est la principale analyse de la presse algérienne, pourtant inlassable exégète du théâtre d'ombres algérien. Comme si cette guerre entre les pierres des lycéens contre les balles des gendarmes avait soudain rendu caduque l'éternelle grille de lecture : qui manipule qui ?
Evoquant la contestation «pacifique et structurée» de Kabylie, née «hors de tout cadre officiel ou partisan» durant les derniers événements, le quotidien le Matin salue cette première de l'histoire de «l'Algérie post-1988: un mouvement citoyen d'une telle ampleur a imposé un cadre de revendications fort et représentatif. Le pouvoir, qui avait misé sur des émeutes sauvages, racistes, comme il les eût voulues pour justifier la répression sanglante, a été pris de court et reçut une cinglante leçon de civisme là où il ne voyait que désorganisation et rétablissement de l'ordre qu'il a lui-même piétiné. Il a répondu par une répression sauvage. C'est ce dont il est capable».
Liberté enfonce le clou : «Voilà qu'après