Mouslioumovo envoyée spéciale
Il n'y a pas eu la guerre à Mouslioumovo, ce village de l'Oural lointain qui surplombe la Tetcha, une petite rivière sur laquelle on n'aperçoit aucune activité humaine. Mais c'est le même paysage de désolation dès l'entrée dans le bourg. Les deux plus anciens édifices, l'ancienne fabrique textile et la maison de maître du XVIIIe siècle transformée en internat après la révolution, sont en ruine. Vidées par les pillards, les maisons qui longent la rivière sont sans vie. La présence humaine ne se manifeste qu'à 500 mè tres de là, dans le bourg poussiéreux, lové autour de la place centrale terrain herbeux où se dresse le monument aux morts de la Seconde Guerre mondiale et de la voie ferrée.
Totale ignorance. C'est là, dans les petits immeubles construits à l'époque soviétique, qu'ont été logés les employés des chemins de fer. C'est là qu'aujourd'hui ils vivotent alors que le village se meurt. «Pendant des années, nous n'avons rien su, mais ma grand-mère disait déjà que la rivière était porteuse de mort», explique Goufira, 44 ans, mais qui en paraît 60. Rafit, son mari, dont les mains tremblent, semble lui aussi prématurément vieilli. Comme une litanie, le couple égrène les maux qui se sont abattus sur leur famille depuis que la Tetcha a été contaminée, entre 1949 et 1952, par des déchets nucléaires liquides déversés par la centrale nucléaire de Mayak dans un lac situé à moins de quarante kilomètres de là.
A la mi-avril, les députés russes ont appro