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Libération

Le Tchad rechigne à juger Habré.

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Le président Déby craint un procès de l'ancien dictateur, dont il fut proche.
publié le 30 mai 2001 à 1h02

N'Djamena envoyé spécial

Enfermé dans une «cellule de la mort», pendant que ses compagnons succombaient sous la torture, la faim et les exécutions, Souleymane Guengueng a fait «un rêve délirant». «Alors que je ressemblais à un cadavre, je me suis dit: "Souleymane, si jamais tu échappes à cet enfer, fais tout ce que tu pourras pour que Hissène Habré réponde de ses crimes devant les juges".»

Aujourd'hui, dans la cour de sa maison de terre, abrité sous un manguier pour échapper au soleil de plomb, Souleymane Guengueng est devenu la hantise de l'ancien despote, actuellement réfugié au Sénégal. La justice tchadienne n'a pas encore instruit le cas, mais d'autres ont pris le relais. Au-delà des frontières, un étonnant bras de fer oppose ainsi un modeste fonctionnaire de N'Djamena à l'ex-dictateur qui ensanglanta son pays (40 000 morts et 200 000 personnes torturées entre 1982 et 1990), avant de fuir avec ce qui restait dans les coffres du pays.

Mission. Mille fois, sa femme et ses voisins l'ont traité de «fou», l'ont prévenu que «ses tortionnaires allaient lui faire la peau», rien n'a fait dévier Souleymane de sa mission. L'acharnement de cet humble comptable de formation, chaus sé d'énormes loupes, héritage des années passées dans un cachot obscur, a poursuivi Habré jusque dans son refuge du Sénégal. En février 2000, la justice sénégalaise se décide à inculper Hissène Habré. Puis se déclare incompétente. L'affaire a rebondi devant la justice belge.

Souleymane Guengueng a pendant dix a