«Il ne suffit pas de vouloir une Europe forte, encore faut-il lui en donner les moyens, y compris institutionnels et financiers.» De passage hier à Paris, Romano Prodi a lancé quelques pierres dans le jardin à la française de l'Europe de Jospin. Sa visite prévue de longue date se trouvant coïncider avec la révélation par le Premier ministre français de sa vision de l'avenir de l'Union, le président de la Commission européenne a profité de son propre discours à Sciences-Po pour faire entendre une musique plus «communautaire» que l'hymne à la «réalité des Etats-nations» chanté lundi par Jospin.
Prodi se trouve certes au moins deux convergences avec le dirigeant socialiste: comme Jospin, il voit en l'Europe «d'abord un projet politique», comme lui, il fait passer le débat sur les finalités de l'UE avant celui sur sa forme institutionnelle, «le contenu avant le contenant». Sur le contenu une Europe capable de «jouer son rôle dans la gouvernance mondiale» et de défendre un modèle social solidaire , les deux hommes n'ont aucun mal à se rejoindre. En revanche, Prodi ne peut partager la vision jospinienne d'un «triangle» institutionnel qui ferait la part belle au Conseil émanation des gouvernements face à la Commission et au Parlement de Strasbourg. «J'ai souligné la nécessité de préserver l'équilibre» de ce triangle, a confié le chef de l'exécutif bruxellois au sortir d'une heure d'entretien avec le locataire de Matignon.
«Recul du droit.» Si Prodi approuve deux des grands