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Naître ou ne pas naître en Inde.

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L'avortement des foetus féminins, une pratique courante.
publié le 31 mai 2001 à 1h03

Chandigarh envoyé spécial

Sur les petites routes qui sillonnent les campa gnes de l'Etat du Pendjab, au nord-ouest de l'Inde, les ensei gnes sont facilement repérables. «Ultrasound» (écho graphie), peut-on lire en gros ses lettres colorées, peintes sur les façades d'innombrables minuscules cliniques. Ces établissements n'ont généralement qu'une activité: déterminer le sexe des enfants à naître. Or, si la pratique est commune en Occident, elle est interdite en Inde, pour des raisons que le gouvernement qualifie de «culturelles»: les filles étant considérées comme un fardeau, les parents optent le plus souvent pour l'avortement des foetus féminins.

Chiffres très alarmants. «Ici, personne ne veut avoir de filles», confirme Darshan, la sage-femme du village de Ferozpur. Les paysans veulent des garçons, car ce sont leurs fils qui vont s'occuper des terres après leur mort. Et puis les filles sont une source de problèmes: il faut les éduquer, les marier, payer la dot, etc. Tout ça pour les voir partir dans la famille de leur mari. Du coup, tout le monde fait le test, qui coûte environ 600 roupies (15 euros), et si c'est une fille les femmes avortent, ce qui leur coûte entre 2 000 et 3 000 roupies de plus (50 à 75 euros). «Ce n'est pas donné, mais quitte à emprunter, ça revient de toute façon moins cher qu'une éducation et une dot», explique Darshan. Le raisonnement est simple, les résultats alarmants. Dans le district, le ratio hommes-femmes n'est plus que de 851 pour 1 000, contre 8