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Libération

«J'ai soulevé mon T-shirt en lui disant de tirer»

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Réfugié en France, Zhang Jian se rappelle du massacre.
publié le 4 juin 2001 à 1h08

Il s'appelle Zhang Jian. Il est pékinois et il a 30 ans. Blessé de trois balles sur la place Tiananmen durant le massacre de Pékin dans la nuit du 3 au 4 juin 1989, il est parvenu à vivre clandestinement en Chine pendant douze ans, jusqu'au jour où, dénoncé par inadvertance par l'un de ses amis, il a dû se résoudre à fuir. Il escompte demander l'asile politique en France, où il est arrivé voilà deux semaines, par une filière qu'il préfère ne pas rendre publique. «J'ai vécu à Pékin pendant des années avec un faux nom. Là, avec d'autres anciens de Tiananmen, on a commencé en 1991 à commémorer, tous les ans, la répression sanglante du mouvement prodémocratique. On allait dans une forêt située à l'écart où l'on avait érigé une stèle sans nom à la mémoire de ceux qui étaient tombés. Là, nous brûlions comme le veut la tradition du faux papier-monnaie, sur lequel nous avions inscrit : "Mort pour la démocratie, tu peux partir tranquille."»

Coordinateur. Le 4 avril 1989, quand commence le mouvement étudiant, Zhang Jian a 18 ans. Passionné de kung-fu, il prépare son entrée dans une université d'éducation physique de Pékin. «J'ai rejoint le mouvement d'emblée parce que les hauts fonctionnaires me paraissaient corrompus et les inégalités criantes, alors que nous étions censés être dans un pays socialiste», assure le jeune homme. Alors que les étudiants s'installent sur la place Tiananmen afin d'exiger un «dialogue» avec le gouvernement sur les questions de la démocratie et des droits de