Menu
Libération
Série

Un insoumis de poids au mètre-étalon

Article réservé aux abonnés
Un épicier, condamné, symbolise la résistance aux nouvelles mesures.
publié le 4 juin 2001 à 1h08

Les sondages et les analystes politiques annoncent une victoire de Tony Blair, le 7 juin. Seule certitude, la marge de son triomphe sur une opposition conservatrice sinistrée. Le bilan de la troisième voie est pourtant mitigé.

Sunderland envoyé spécial

Steve Thoburn n'a pas l'âme d'un héros, encore moins celle d'un martyr. Le teint couperosé, la voix cassée à force de crier sur les marchés, le regard las, il ne demande qu'à vendre ses fruits et légumes, comme son père avant lui, et ne recherche pas la publicité : «La télé, les photographes, ça fait fuir la clientèle. Les gens sont timides», déplore-t-il. Au milieu de l'entretien, il dit stop, sans méchanceté, juste par fatigue : «Tout ce qui touche à la politique, j'en ai par-dessus la tête ! Ça ne m'intéresse pas. C'est trop compliqué.»

Les europhobes de tout poil citent son cas en exemple. Il est l'idole du Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni, une petite formation qui réclame le retrait de l'Union. William Hague, chef des conservateurs, lui a envoyé une lettre de soutien. Son meilleur ami, Niel Herron, poissonnier de son état, fait campagne sur son nom et lui, qui n'a jamais voté de sa vie, ne rêve que de retrouver l'anonymat : «Dans cette affaire, j'ai sacrifié ma santé, ma famille et mon commerce.»

Livre de bananes. En juillet, une femme lui a commandé des bananes. Son instrument à bascule marquait non pas 453 grammes, mais une livre (1). La cliente, une inspectrice chargée de la répression des fraudes, lui a reproché d