Ce sont les mêmes banderoles avec les visages des victimes, au moins 80 tués depuis le début des émeutes en Kabylie. Les mêmes slogans contre le «pouvoir assassin» ou en faveur d'une commission d'enquête internationale sur les événements.
Lever des fonds. Mais hier, c'est à Paris que plus de 15 000 personnes se sont rassemblées, notamment à l'appel de la fondation Matoub Lounès et de la Coordination de villages de Kabylie. Depuis la révolte, cette dernière tente de prendre ce que Hacène Hirèche, professeur à Paris-VIII et l'un de ses animateurs, appelle une «nouvelle dimension». Commerçant à Paris depuis les années 50, Rachid a toujours fait partie de l'association de son village, dans la région des Ouardias. «A l'époque, c'était secret: on recrutait et on levait des fonds pour l'armée de libération.» Avec l'indépendance de l'Algérie, ces structures issues de l'organisation traditionnelle en Kabylie ont repris les habits civils. On collecte toujours mais pour offrir là-bas, chacun à son hameau, cette conduite d'eau que le pouvoir central refuse de construire. Depuis quarante jours, début des émeutes, 22 villages se sont fédérés. Un médecin lance: «Est-ce qu'il ne faut pas recommencer à lever l'impôt révolutionnaire?» Un autre: «Il faut expliquer la révolte ici. Cela touche la Kabylie mais aussi l'Algérie.» Il agite un drapeau berbère. S'excuse. «C'est tout ce qu'on avait à la maison: ça nous sert de décoration. On n'a pas l'habitude de manifester.»
Enquête. A la tribune, les o