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Libération

Première apparition du sida dans une revue médicale: Le 5 juin 1981, l'étude de cinq cas de pneumonie..

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En vingt ans, le sida s'est répandu dans toute la planète. On en meurt moins aujourd'hui en Occident. Pas en Afrique.
publié le 5 juin 2001 à 1h09

«Peut-être qu'il y avait cinq personnes au maximum qui devaient recevoir en France la revue du CDC, MMWR (1), lâche Willy Rozenbaum. Et à cette époque, je travaillais sur l'épidémiologie des maladies transmissibles.» On est le 7 juin 1981. Il a fallu deux jours pour que sur le bureau de ce jeune chef de clinique de l'hôpital Claude-Bernard à Paris arrive la dernière livraison de cet austère relevé hebdomadaire (daté du 5 juin) du CDC (Centre pour le contrôle des maladies) d'Atlanta. «C'est vite lu, raconte Willy Rozenbaum, juste huit pages.» Ce matin-là, il lit, entre autres, cet article au titre on ne peut plus technique: Pneumocystis Pneumonia-Los Angeles.

Qui pouvait imaginer que ce bref compte rendu allait marquer l'histoire? C'est la première trace médicale de ce qui allait devenir l'épidémie la plus meurtrière de la deuxième moitié du XXe siècle. Il y est juste fait état de cinq cas graves d'une pneumonie particulière, la pneumocystose. Des cas observés entre octobre 1980 et mai 1981 dans trois hôpitaux de Los Angeles. Deux faits sont mis en avant : les malades sont des hommes jeunes, entre 29 et 36 ans, tous homosexuels, et ils sont atteints d'une pneumonie qui, d'ordinaire, ne provoque aucun trouble sérieux, sauf lorsqu'elle survient chez une personne fortement immunodéprimée. Les cinq malades souffrent aussi de candidoses (champignons), et tous ont utilisé des poppers, ce produit utilisé parmi les gays pour améliorer les performances sexuelles.

Willy Rozenbaum lit l'a