Menu
Libération

Défilés croisés en Algérie.

Article réservé aux abonnés
Manifestation interdite à Alger et marche à Batna, vivier du pouvoir.
publié le 8 juin 2001 à 1h11

Dans l'Algérie secouée par quarante jours d'émeutes en Kabylie, deux manifestations contre la répression ont eu lieu hier, dans deux villes symboles du pays. Si l'une fut interdite et l'autre autorisée, chacune raconte à sa façon l'envers des banderoles.

Casse-tête. Batna, dans les Aurès, est une des villes saintes de ce pouvoir clanique et régionaliste, où se recrutent les plus haut gradés de l'armée. Là, aux racines mêmes du système, quatre associations ont fait défiler plus de 5000 manifestants contre ce même système. Mais, loin d'apporter un peu de lumière, cette marche exceptionnelle dessine un de ces casse-tête proprement algériens. Première question: nul ne sait si cette mobilisation dépassera la communauté berbère locale pour une protestation sociale large, qui serait alors un «tournant décisif», selon le quotidien El Watan. Et puis, pointe une seconde question, dans ce pays où l'intox fait partie de la politique: «Si Batna bouge, n'est-ce pas parce qu'on l'a fait bouger?», s'interrogeait hier, comme par réflexe, Ahmed, un associatif. Au-delà de la bonne foi des manifestants, «ne serait-ce pas là une manipulation du pouvoir pour faire exploser le mouvement? Vous me suivez?». Rien ne permettait de trancher hier.

Voiture-balai. Pendant ce temps, à Alger, se préparait un défilé appelé par une Coordination nationale pour la défense des libertés démocratiques, créée depuis les émeutes. Les Algérois l'ont surnommée «la voiture-balai», car, à quelques exceptions près, s'y ret