Berlin de notre correspondante

La ville de Berlin inaugure ses fonctions retrouvées de capitale allemande par une magistrale crise politique et financière. La «grande coalition» (chrétiens-démocrates et sociaux-démocrates) qui gouvernait la ville depuis 1991 a explosé hier, à la suite d'un énorme scandale financier. La Bankgesellschaft Berlin, dixième établissement bancaire allemand, détenue à 56,6 % par la ville-Etat, vient d'avouer un trou de quelque 3 milliards d'euros que la ville, déjà ruinée par la réunification, devra combler. Pis, le scandale a révélé tout un système de copinage et sans doute aussi de filouteries mêlant les dirigeants de la banque et ceux de la ville.

Corruption. Non seulement la banque a financé des opérations aventureuses de rénovation des HLM de l'ex-RDA, mais une partie de ses crédits semble être partie dans la poche d'amis politiques du maire chrétien-démocrate, Eberhard Diepgen.

Tabou. Pour les sociaux- démocrates, qui rêvent de reconquérir l'ancienne ville rouge, l'occasion était trop tentante: ils ont annoncé hier leur intention de quitter le gouvernement et de provoquer de nouvelles élections locales, vraisemblablement en sep tem bre. Au-delà, ils envisagent une coalition avec les Verts et les ex-communistes de la RDA (PDS). Que les anciens communistes, qui ont gouverné depuis Berlin pendant quarante ans, reviennent au pouvoir dans la capitale serait «briser un tabou», a déjà protesté le maire, suggérant avec cynisme que les sociaux-démocrates