Londres envoyés spéciaux
Quatre ans plus tard, Tony Blair affiche la même denture étincelante, mais le sourire est devenu rictus. Blair est toujours victorieux, mais il a perdu de sa force de séduction. Aux yeux des Britanniques, ce n'est plus qu'une mécanique, suffisamment bien huilée pour remporter un second mandat, trop bien réglée pour susciter la ferveur. D'une élection à l'autre, le leader de la Troisième voie a apporté la preuve de son savoir-faire, mais son charisme s'est érodé. Etrange contraste entre son déficit de popularité et son succès dans les urnes.
Enigme. «Quel est l'homme qui se cache derrière le sourire?», s'interrogeait hier le quotidien de gauche The Guardian. Trop policé, trop lisse, Tony Blair reste une énigme pour ses concitoyens. Ses moindres faits et gestes sont calculés. Juste après la naissance de son dernier fils, Leo, ce n'est pas le Premier ministre mais le père presque quinquagénaire qui sort, les traits tirés, du 10 Downing Street, avec à la main une tasse de thé à l'effigie de ses trois autres enfants. Petite astuce à leur usage, affirment les médias. Son épouse, la brillante avocate Cherie, achève le tableau d'une famille idéale et moderne. En campagne, il module son accent au gré des régions qu'il traverse. Caméléon, il s'adapte à ses interlocuteurs, déclare adorer le fish & chips dans un quartier populaire puis, quelques heures plus tard, les crostini à l'huile d'olive et au basilic devant un public plus chic.
Ses notes internes, rendues pu