Les «Etats voyous» existent, et la France se donne, si nécessaire, les moyens de les ramener à la raison, grâce à son armement nucléaire. Le discours prononcé vendredi par Jacques Chirac à l'Institut des hautes études de défense nationale marque une inflexion sensible de la doctrine de défense française. Même si l'Elysée préfère parler d'une simple «remise à jour», les propos du chef de l'Etat traduisent un net rapprochement des positions américaines sur les systèmes antimissiles comme sur la prolifération des armes stratégiques dans des «pays du Sud dirigés par des farfelus», selon le mot d'un diplomate.

«L'évolution des menaces et des technologies contribue à réduire les distances et peut transporter, au coeur même du territoire national, la violence d'affrontements qui se déroulent loin de nos frontières», constate Jacques Chirac, qui juge désormais que «les risques associés à la prolifération prennent une autre dimension lorsqu'ils allient l'effet dévastateur des armes de destruction massive aux moyens de les propulser à longue distance». Bref, «les villes et les populations de l'Europe vivent sous la même menace diffuse, à la fois proche et lointaine», note le Président. Un discours que ne renieraient pas les promoteurs américains du bouclier antimissile ­ jadis voués aux gémonies par la diplomatie française.

Nouvelle doctrine. De manière fort diplomatique, aucun pays «perturbateur» n'est cité, mais tous les regards se tournent vers le Proche-Orient. La nouvelle doctrine