Londres de notre correspondant
Les conservateurs poursuivent leur longue descente aux enfers. Pour la seconde fois, Tony Blair vient de leur infliger une défaite cinglante. Ce parti qui régna sans partage pendant près de vingt ans avec Maggie Thatcher et John Major ne recueille que 32 % des suffrages, son plus mauvais score depuis un siècle. Non seulement une cure d'opposition de quatre ans ne leur a fait aucun bien, mais les tories ressortent de l'épreuve plus déboussolés et divisés que jamais.
Sans saveur. Tirant les leçons de ce nouveau fiasco, leur chef, William Hague, a démissionné vendredi de ses fonctions. Son visage encore joufflu, malgré ses 40 ans, son crâne dégarni et son accent du Yorkshire avaient fait de lui la cible préférée des caricaturistes. Celui qui avait succédé en 1997 à Major traîne une image d'éternel premier de la classe, d'élève gentil et sans saveur. «Heu, bien... merci!», a-t-il répondu récemment à Jeremy Paxman, l'un des présentateurs les plus teigneux de la BBC, qui venait de lui conseiller de céder la place à sa jeune et jolie épouse, Fiona, beaucoup plus populaire parmi les électeurs.
«Il est vital pour les leaders d'écouter et pour les partis de changer», a-t-il déclaré vendredi matin lors d'un début d'autocritique. Il n'a réussi ni à réformer un appareil politique vieillissant, ni à être au diapason du pays. Tout son discours était axé sur la défense de la livre sterling et la lutte contre l'immigration clandestine, deux thèmes qui occupent res