Dans les rues d'Alger, les conversations ont fini par ressembler à des leçons de géographie. Il n'y a même plus de commentaires, juste des noms de villes jetés comme les nouvelles d'un front dont nul n'arrive à prévoir les flambées. «Kenchela, 1 mort», dit l'un. «Skikda, derrière les barricades», répond l'autre. «Sour el-Gozlan, détruit.» «Et Annaba aussi.» Maintenant que la révolte a largement dépassé la Kabylie, où elle ne s'apaise pas depuis quarante-cinq jours, Aïcha, étudiante à Alger, se demandait hier: «Et si maintenant c'était notre tour?» Aujourd'hui doit avoir lieu dans la capitale une manifestation «contre la répression et l'injustice», dont l'appel a été lancé «à tous les Algériens» par les comités de villages de Kabylie, les arch.
Mobilisation. «Normalement, pour une manifestation, la question est de savoir si il y aura du monde ou non», commentait hier un médecin, joint par téléphone comme tous nos interlocuteurs. «Là, c'est l'unique réponse qu'on a l'impression d'avoir: il y aura foule.» Depuis le début des préparatifs, la marche frappe en effet par son extrême organisation, la nuée de cars et de trains prévus, le dispositif sanitaire incroyable dans un pays où trouver une aspirine est un défi, jusqu'aux 3 km2 de tissu offerts par l'entreprise Cotitex pour les banderoles. A Alger même, où des centaines de milliers de personnes ont défilé voilà quinze jours à l'appel du FFS (opposition), la mobilisation ne devrait pas non plus poser de problème: il n'y a que le