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TRIBUNE

La Russie peut vivre au côté de l'Otan

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Moscou n'a rien à craindre de l'adhésion à l'Alliance atlantique de ses voisins.
par Vaclav HAVEL, président de la République tchèque.
publié le 15 juin 2001 à 1h15

Après avoir été l'instrument majeur de la défense du monde démocratique contre l'expansionnisme soviétique, l'Otan commence à se transformer en une organisation sécuritaire régionale, en l'une des nombreuses composantes du futur ordre mondial multipolaire. Autrement dit, l'Otan connaît son identité actuelle et le territoire qu'elle peut et doit concerner à terme en s'élargissant. L'espace que nous nommons Occident va de l'Alaska à Tallinn. [...]

La paix, le partenariat et la coopération ne sont imaginables qu'entre ceux qui savent qui ils sont. Si j'ignore qui je suis, qui je veux devenir, ce que je veux, où je m'arrête et où je commence, mes rapports avec le monde, avec l'espace environnant seront toujours tendus, suspicieux, empreints de complexe d'infériorité ou dissimulés derrière une vantardise grandiloquente. Celui qui n'a pas réussi à mettre de l'ordre dans son for intérieur, ou chez lui, essaie d'imposer ce qu'il pense être son idée de l'ordre aux autres. [...] On aura compris que j'en arrive à un sujet délicat, à savoir les relations entre l'Otan et la Fédération de Russie. [...]

La Russie, pays incommensurablement plus vaste et plus puissant que les autres voisins de l'Alliance, vit aux côtés de celle-ci dans un état d'inquiétude permanente, et l'élargissement vers l'est ne lui plaît guère. Il y a deux raisons à cela: la première tient à l'inertie de l'opinion générale héritée de l'ère soviétique, lorsque le système totalitaire et ses mass media présentaient l'Otan c