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Libération

La marche d'Alger victime des provocations policières

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Jeudi, le pouvoir a tenté d'ethniciser la contestation.
publié le 16 juin 2001 à 1h16

En Algérie, les lendemains de manifestations ressemblent parfois à des romans noirs, et pas seulement à cause des bilans ­ 7 morts selon le département d'Etat américain. «Les gens parlent, chacun raconte ce qu'il a vu, suivant l'endroit où il se trouvait. C'est d'abord comme un jeu de piste à travers les témoignages qui s'accumulent et puis, d'un coup, il faut bien l'avaler: après avoir soufflé sur le terrorisme islamiste, le régime nous joue le Kosovo.» Dans une association d'Alger, le secrétaire ­ joint par téléphone ­ collecte les données après le rassemblement contre la répression et l'injustice, qui a réuni jeudi plusieurs centaines de milliers de personnes à l'initiative des comités de village de Kabylie. Elles montrent clairement que les autorités ont tout fait pour transformer en affrontement ethnique la contestation politique et sociale qui s'étend dans le pays après avoir fait plus de 80 morts en Kabylie.

Passages à tabac. Cette stratégie du pire se met en place sur fond de terreur, rappelant les premières heures de la sale guerre, au début des années 90. Après la manifestation, les familles ont établi une liste d'au moins une centaine de jeunes, «disparus» après avoir été conduits au commissariat. Parmi ceux qui ont été relâchés, la plupart ont été très violemment tabassés, plusieurs même torturés. Jeudi, aux urgences de l'hôpital Mustapha, des scènes d'une violence incroyable se sont déroulées publiquement. Parmi les très nombreux blessés (au moins 400), certains