Dublin envoyé spécial
Elle pousse son landau vers le quai Sir John Rogerson's, puis s'arrête, intimidée, lorsqu'elle remarque la présence des caméras et des photographes. Elle a entendu à la radio que le bateau hollandais, amarré depuis la veille dans le port de Dublin, s'apprête à faire ce que l'Irlande interdit depuis toujours. «Je ne veux pas d'un deuxième enfant», explique-t-elle simplement, les yeux cachés par des lunettes de soleil. Elle ne sait pas trop ce qui l'attend. «Je veux juste prendre la pilule abortive et rentrer chez moi.»
L'Aurora, un ancien chalutier parti lundi de Scheveningen, près de La Haye, ne pourra rien pour elle. L'équipage espérait pratiquer l'avortement dans les eaux internationales et contourner ainsi la loi irlandaise, mais la clinique flottante, qui bat pavillon néerlandais, n'a pas non plus obtenu l'agrément des Pays-Bas. La jeune mère s'entretient un bref instant avec deux des organisatrices, baisse les bras et s'éloigne à grands pas de la meute des journalistes, sous les cris de son petit garçon.
Traumatisme. Depuis lundi, «Women on waves» (les Femmes sur les vagues), à l'origine de cette initiative sans précédent, est inondée d'appels pleins d'espoir. Chaque année, plus de 6 500 Irlandaises, selon les chiffres officiels, partent se faire opérer dans des cliniques privées en Grande-Bretagne. Un périple coûteux (entre 5 000 et 7 000 francs, soit de 762 à 1067 euros) et traumatisant. Pour la première fois, des médecins se proposaient de les aide