L'onde de choc créée par les provocations policières, qui ont fait tourner à l'émeute la grande marche de jeudi à Alger, s'est poursuivie pendant tout le week-end en Algérie. Si, dès jeudi soir, des affrontements ont repris à Tizi Ouzou, c'est samedi surtout que des émeutes ont éclaté non seulement en Kabylie, mais aussi à l'est et, à moindre titre, au sud du pays. Il semblait même que, pour la première fois hier, la ville de Constantine, considérée comme stratégique pour le pouvoir, commençait à bouger.
«Les jeunes étaient encore sous le choc des scènes de quasi-lynchage de manifestants à Alger, sous les yeux de policiers impassibles, raconte un notable de Béjaïa interrogé par téléphone, ils étaient comme enragés. La manière dont la télévision a rapporté les faits n'a rien arrangé.»
Enflammées. Du coup, Béjaïa et Tizi Ouzou, les deux principales villes de Kabylie, se sont enflammées comme jamais peut-être depuis le début des émeutes provoquées le 20 avril dernier par l'assassinat de sang froid du jeune Massinissa. A Tizi, rapporte le quotidien le Soir, «des scènes comme celles qui ont vu des gendarmes et des policiers s'acharner sur trois passants n'ont fait que doper les émeutiers sur qui les gaz lacrymogènes n'avaient aucun effet». Seules les obsèques du jeune Toufik Naâmane, mort au cours de la manifestation de jeudi, ont été l'occasion d'une accalmie. Les heurts ont ensuite repris de plus belle entre brigades antiémeutes et manifestants, faisant au moins quinze blessés. A