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Libération

Les bulgares tirent le roi

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publié le 19 juin 2001 à 1h07

Pour les Bulgares qui ont massivement voté dimanche pour son parti, l'ex-roi Siméon II, 63 ans, reste plus que jamais le tsar. Beaucoup s'en réjouissent, notamment dans les villages qu'il a sillonnés tout au long de sa campagne électorale, accueilli par de petites foules enthousiastes de jeunes ou vieux qui lui baisaient les mains. Même la capitale, Sofia, plus réticente vis-à-vis de la démagogie populiste de l'ancien souverain, a été conquise. Son principal slogan avait le mérite de la simplicité: «Croyez en moi.»

Polyglotte et bien élevé, ce grand barbu réservé au crâne dégarni se pose en sauveur de la nation, fort de sa légitimité dynastique et de ses succès dans les affaires en Espagne, où il vit depuis un demi-siècle. C'est un véritable triomphe que lui offre une population désespérée, plongée dans la misère d'une interminable transition, écoeurée de la corruption, désabusée vis-à-vis des partis ­ les ex-communistes puis la coalition de la droite libérale sortante d'Ivan Kostov ­ qui se sont succédé au pouvoir depuis 1990. Simples citoyens, journalistes ou hommes politiques lui donnent du «Majesté» comme il l'exige. Seuls quelques mauvais esprits continuent de l'appeler Siméon Saxe-Cobourgski en bulgarisant son nom.

Parti hétérogène. Monté sur le trône en 1944 à l'âge de 6 ans, l'héritier de la dynastie Saxe-Cobourg avait été chassé du pays trois ans plus tard par les communistes, à l'issue d'un référendum truqué dans une Bulgarie sous occupation soviétique. Il n'y était