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Libération

Les Européens sermonnent Alger.

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Leur avertissement reste pourtant en deçà de la gravité de la situation.
publié le 19 juin 2001 à 1h18

Tournées vers l'élargissement de l'Europe et l'environnement, les priorités du sommet de Göteborg étaient loin de l'Algérie. L'aggravation de la situation dans ce pays a néanmoins poussé les chefs d'Etat et de gouvernement européen à exhorter Alger à agir pour mettre fin à la violence. Le fait est déjà assez rare pour être noté. Mais les termes employés dans cette (très courte) déclaration sont encore plus étonnants et lui confèrent l'allure d'un avertissement.

Fin d'une fiction. L'UE, jugeant qu'elle «ne peut rester indifférente à la tragédie», appelle en effet «tous les responsables algériens à un sursaut et à une initiative politique de grande ampleur pour surmonter cette crise par le dialogue entre tous les Algériens». Une manière de signifier que leur attitude n'a pas été jusqu'ici à la mesure de la gravité d'une crise jugée «politique» et qu'Alger tente de réduire à un obscur complot ourdi à l'étranger.

Mais la nouveauté réside dans le fait de s'adresser non pas au gouvernement, mais à «tous» les dirigeants algériens. L'UE met ainsi fin pour la première fois à une fiction, pour ne pas dire à une hypocrisie majeure. Celle qui présente l'Algérie comme gouvernée par des institutions civiles, notamment un Président, quand c'est une poignée de généraux qui exercent la réalité du pouvoir.

Hier, une petite phrase de Hubert Védrine l'a confirmé. «Si le président Bouteflika peut tirer de cette expression européenne les éléments pour prendre des initiatives utiles, tant mieux. Mais