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Libération

Ni paix ni guerre en Casamance

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De timides négociations se sont engagées dans la province rebelle du Sénégal.
publié le 19 juin 2001 à 1h18

Ziguinchor envoyé spécial

Le président sénégalais Abdoulaye Wade entame aujourd'hui une visite en France de cinq jours.

«Je suis le directeur d'une école gigogne.» Mamadou Ibrahima Niane parle avec une componction amusée en désignant les huttes de bambou qui servent de salles de classe. Cela fait quatre ans que les 600 élèves de l'école Matar Diémé doivent s'entasser dans des locaux provisoires, assis à même le sable. Lorsqu'en juillet 1997 la rébellion a poussé jusqu'aux portes de Ziguinchor, le quartier de Kamdialang a été évacué. «Nous étions coincés entre les rebelles et le camp militaire qui se bombardaient au mortier. Après notre départ, les maisons ont été pillées. Maintenant, c'est la désolation là-bas.» Là-bas, à moins de trois kilomètres.

A Kamdialang, les combats ont cessé depuis quatre ans, mais aucun habitant n'est rentré. «Il faudrait primo que le calme revienne, explique Mamadou Niane. Et là-bas, la sécurité reste instable. Ensuite, le quartier doit être déminé. Sinon, c'est pas possible de vivre, ni de cultiver, ni rien.» Comme «l'école gigogne», la Casamance s'est installée dans un provisoire qui dure, un état de ni-paix-ni-guerre.

Ziguinchor, la capitale de la province rebelle, est un théâtre d'ombres où les déplacés se fondent dans la masse, les rebelles se confondent avec les civils. Dans ce drôle de conflit sans visage, tout le monde sait tout mais personne ne dit rien. Quelques véhicules militaires en patrouille, des interlocuteurs qui regardent leurs chaus