Budapest
de notre correspondante
Après les premières élections libres de 1990, le conservateur Jozsef Antall avait provoqué la colère des pays voisins en s'affirmant le Premier ministre de «15 millions de Hongrois» (incluant implicitement les minorités de l'étranger). Cette petite phrase avait ravivé, dans les pays voisins, le spectre de l'«irrédentisme magyar». Depuis le traité de Trianon (1920) qui ôta à la Hongrie les deux tiers de son territoire, d'importantes communautés magyares vivent au-delà des frontières (1), et les territoires perdus ont toujours été un facteur déterminant de la politique hongroise.
Onze ans plus tard, la loi sur les minorités, qui a été adoptée hier à une large majorité par le Parlement, suscite les critiques de la Slovaquie et de la Roumanie. Mais le ton est moins virulent. Si Bucarest estime la loi injuste et discriminatoire, le gouvernement de Bratislava se cantonne à des protestations formelles.
«Carte d'identité». La loi accorde des droits limités au travail et à l'éducation aux minorités hongroises à l'étranger. Un ressortissant roumain de souche magyare pourra par exemple obtenir chaque année un permis de travail de trois mois en Hongrie, renouvelable deux fois. Budapest offrira également des réductions dans les transports en Hongrie et des bourses aux étudiants qui souhaitent rester étudier en Slovaquie ou en Roumanie. Surtout, les Magyars de l'étranger, s'ils font une demande individuelle, se verront attribuer pour la première fois une «cart