Ils sont bon marché, facilement remplaçables, et très obéissants dans des situations de danger: cette description pourrait s'appliquer à des chiens de garde... c'est pourtant d'enfants qu'il s'agit. Des gosses, tels que les décrit avec une ironie amère le rapport publié début juin par un collectif d'ONG, la Coalition pour arrêter l'enrôlement des enfants-soldats. A travers le monde 300 000 enfants se retrouvent aujourd'hui sur les champs de bataille. Dont près de la moitié sur le seul continent africain.
«Ça fait une drôle d'impression de se retrouver face à un gamin de 8 ans armé d'un fusil et dopé au chanvre, qui vous donne des ordres», s'exclame un Français coincé en Centrafrique pendant la tentative de coup d'Etat qui a ensanglanté Bangui début juin. Confronté à une mutinerie militaire, le régime ébranlé de Ange-Félix Patassé fait appel à un mouvement rebelle congolais qui campe de l'autre côté de la frontière. Surprise: les troupes du chef rebelle, Jean-Pierre Bemba, qui traversent le fleuve Oubangui sont presque entièrement composées d'enfants. «Ce sont ces gamins qui ont tenu tête aux mutins et ont nettoyé la ville», insiste l'expatrié français.
Une histoire finalement banale: enlevés brutalement à leurs familles et incorporés manu militari dans des guérillas sans scrupules ou candidats volontaires, poussés à prendre les armes par la misère ou l'abandon, les enfants-soldats se retrouvent aujourd'hui au coeur de toutes les guerres africaines. Trop souvent, hélas! ils en