D e nouveau des gendarmes qui tirent à balles réelles. De nouveau des morts. De nouveau des émeutes, qui gagnent chaque jour des pans du territoire algérien, jusqu'à Illizi-Aïn-Amenas, près de la frontière libyenne. Alors que le bilan des révoltes a grimpé ces derniers jours, atteignant une centaine de tués, le président Bouteflika poursuit, imperturbable, une tournée chez les Touaregs du Sud, et son gouvernement a annoncé lundi soir pour principale mesure que toutes les manifestations étaient suspendues à Alger.
«Mais qu'est-ce qu'ils peuvent interdire? On est dans une logique d'insurrection populaire», s'exclamait hier un enseignant de Tizi Ouzou, joint par téléphone comme tous nos interlocuteurs. «Tout ce que montre l'attitude du régime, c'est qu'il joue le pourrissement et estime qu'on n'est pas encore au stade de décomposition souhaité. Ici, on connaît tout ça par coeur: on a une si longue pratique de la dictature. En général, l'étape suivante est l'interdiction des partis, des associations, de tout rassemblement. Arrivent ensuite les lois d'exception, le couvre-feu, l'armée. Et puis après...»
Changement de ton. Hier, les seules évolutions politiques semblaient venir de l'extérieur. En France, Hubert Védrine s'est pour la première fois départi de ce ton hautement précautionneux qu'il emprunte dès qu'il s'agit de l'Algérie. Cette fois, il affirme que «la France [...] est très sensible à cet appel qui monte des profondeurs du peuple algérien vers de vrais changements, vers