Le troisième anniversaire de l'assassinat du chanteur Lounès Matoub aura lieu cette année en Kabylie dans un climat explosif. Interview de Malika, soeur et présidente de la Fondation Matoub.
Vous allez commémorer cette date à Tizi Ouzou et pas à Alger. Pourquoi?
Les émeutes qui ont éclaté, dès son exécution, le 25 juin 1998, étaient un signe avant-coureur de la radicalisation actuelle. Lundi, nous marcherons à Tizi Ouzou, et non pas à Alger comme nous le voulions, pour ne pas donner au pouvoir une nouvelle occasion de faire dégénérer, à coups de provocations, une manifestation pacifique. Lors de la dernière marche, le 14 juin dans la capitale, il y a eu dix morts et plus d'une centaine de disparus. Les corps de quatre d'entre eux au moins ont été rejetés par la mer. La Fondation Matoub demandera, comme elle l'a toujours fait, la vérité et la justice sur l'assassinat de Lounès. Nous exigeons l'ouverture d'une véritable enquête puisque jusqu'ici tous les éléments permettant de savoir ce qu'il s'est réellement passé ont été méthodiquement écartés.
Craignez-vous des incidents au cours des commémorations de l'assassinat de Lounès?
J'ai surtout peur que les manipulations qui ont lieu depuis le début du mouvement continuent: depuis quelques semaines, circulent des tracts appelant à «l'autonomie de la Kabylie», signés par un pseudo groupe de libération de cette région, le MKL. Soit dit en passant, les seuls quotidiens à les relayer sont, comme par hasard, ceux qui ont toujours manifesté