Madrid de notre correspondant
Depuis son arrivée à la tête du gouvernement espagnol, José Maria Aznar n'a cessé d'ériger la probité en vertu cardinale. Désormais le talon d'Achille d'Aznar a pour nom Josep Piqué, son ministre des Affaires étrangères. Hier, le Tribunal supérieur de justice a donné son feu vert pour la mise en examen de Piqué pour une supposée affaire de corruption survenue en 1991, impliquant l'entreprise Elf. La procédure sera longue, mais jette le soupçon sur un homme clé du Parti populaire (PP, centre droit) du Premier ministre, une formation jusqu'ici quasiment épargnée par les scandales.
Société écran. L'accusation porte sur les conditions de vente à Elf d'Ertoil, une filiale pétrolière d'Ercros, un groupe chimique dont Josep Piqué était responsable de la stratégie et membre du comité exécutif. Selon le rapport du juge Bartolomé Vargas, cette opération était assortie de plusieurs irrégularités. Sur le montant total de la vente, 730 millions de francs (111,3 millions d'euros), se seraient volatilisés et 400 millions de francs (61 millions d'euros) se seraient dilués en pots-de-vin. Sans compter que l'opération aurait été réalisée à travers une société écran, basée à Luxembourg, afin de ne pas tomber sous la coupe du fisc. L'affaire Ertoil n'avait jusqu'alors été examinée que par la justice française: le dossier est actuellement instruit par le juge Renaud Van Ruymbeke, qui vise également les 400 millions de francs versés à un intermédiaire irakien. Côté esp