Le Caire de notre correspondante
«Il y a trop longtemps que ça dure. Cette fois, on veut la justice!» Bichoï était devant la cathédrale copte-orthodoxe, mercredi soir au Caire. Il a jeté des pierres, lancé des bouteilles. Avec lui, dix mille autres chrétiens se sont ainsi opposés aux forces de l'ordre. Un affrontement sans précédent, qui a fait 70 blessés dont une trentaine de policiers.
Affaire de moeurs. A l'origine de la colère des chrétiens d'Egypte, la publication dans la presse à scandale d'un article intitulé «Bordel au monastère». Photos compromettantes à l'appui, le journal accuse un moine du couvent de Deir el-Moharraq, près d'Assiout, d'avoir eu des rapports sexuels avec une femme dans l'enceinte même du monastère le plus sacré du pays. Le patriarche Chenouda III a immédiatement indiqué que l'homme en question avait été excommunié il y a cinq ans. Une simple affaire de moeurs donc, mais qui a révélé l'état d'exaspération d'une communauté (1) ordinairement passive et fataliste.
Même lors des sanglants affrontements interconfessionnels d'Al-Kocheh, en janvier 2000, 21 morts, dont 20 chrétiens , les coptes avaient peu réagi. L'ampleur inhabituelle de la manifestation de mercredi a donc surpris. «On a été silencieux trop longtemps, reprend Bichoï. Une fois de plus, on essaie de nous humilier. Dans les villages, tous les musulmans se moquent des chrétiens. Et personne ne bouge, les autorités laissent faire.»
Mercredi, les coptes s'étaient rendus en masse à la cathédrale