Vallée du Jourdain envoyée spéciale
Il n'est que onze heures du matin et la file de véhicules s'allonge déjà au check-point israélien filtrant le passage vers le pont Allenby qui relie la Cisjordanie à la Jordanie. Par taxis collectifs et cars entiers, malgré la chaleur moite, les Palestiniens se hâtent de traverser le Jourdain avant qu'Amman ne change à nouveau d'avis et reboucle sa frontière. «Nous ne voulons pas forcément partir pour de bon. Nous voulons juste prendre une bouffée d'oxygène, la vie dans les territoires est devenue trop dure», dit Rania, de Ramallah. Sur le pas de sa boutique, en plein centre de Jéricho, un chauffeur de taxi sourit. «Il faut les comprendre, c'est le début des vacances, l'hiver a été si dur dans les territoires qu'ils veulent tous rejoindre leur famille en Jordanie.» Reviendront-ils? C'est la grande incertitude. Selon les Jordaniens, quelque 150000 Palestiniens de Cisjordanie auraient gagné le royaume hachémite depuis le début de l'Intifada et ne seraient pas rentrés. Une évaluation que beaucoup considèrent exagérée. On parle plutôt de 85000, ce qui est déjà énorme pour un territoire qui compte moins de deux millions d'habitants.
Permis spécial. Pour les autorités palestinienne et jordanienne, c'est une véritable angoisse. Pensant que les Palestiniens, fuyant les privations et la violence, avaient entamé un véritable exode, Amman a décidé, le 11 juin, de fermer sa frontière aux habitants de Cisjordanie qui, pour la plupart, ont de la famille o