Londres de notre correspondant
Violence dans les rues, montée des extrêmes, crise politique: tous les indicateurs sont au rouge en Irlande du Nord. Alors qu'une partie de Belfast s'embrase presque chaque nuit, la démission de David Trimble, Premier ministre de la province et leader protestant modéré, semble de plus en plus probable. A la suite de son départ, les institutions issues de l'accord de paix dit du «vendredi saint» pourraient bien être suspendues. Le quartier nord de Belfast, l'un des lieux symboles du conflit entre les deux communautés, s'est transformé à nouveau en champ de bataille. Depuis mardi, une école catholique, Holy Cross, située dans une petite enclave protestante, sur Ardoyne Road, est en état de siège. Les émeutes se succèdent aux abords de l'établissement déserté par les trois quarts de ses élèves. Cinq familles protestantes ont dû partir de chez elles et une bombe artisanale a explosé devant une maison catholique.
Marches orangistes. Soldats britanniques et policiers du Royal Ulster Constabulary, qui se sont interposés entre les manifestants, comptent une quarantaine de blessés. Ils ont reçu une centaine de cocktails Molotov, ainsi que des tirs à balles réelles. Leurs chefs se disent d'autant plus inquiets que ces affrontements interviennent avant même le début des marches organisées par les «orangistes» (protestants radicaux). Chaque été, les défilés guerriers qui marquent la victoire, en 1690, de Guillaume d'Orange sur le très catholique Jacques II,