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Libération

Le Japon exécute sans états d'âme

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Ni débat ni polémique sur le sujet dans l'Archipel.
publié le 23 juin 2001 à 1h20

Tokyo de notre correspondant

Chaque jour pendant trente-quatre ans, Sakae Menda a cru vivre ses derniers instants. «Les pas des gardiens, dès l'aube, résonnent encore dans ma tête», assène ce rescapé des couloirs de la mort nippons, acquitté après un nouveau procès en 1983. «Au Japon, les condamnés à mort qui ont épuisé leurs recours en appel savent que leur exécution peut survenir à tout moment. Ils ne vivent plus. Ils sont en sursis...» Sakae Menda a 76 ans, des cheveux gris, un vieux costume élimé et des mains noueuses. Il avait 23 ans lorsqu'une nuit de 1948, des policiers pressés de trouver un coupable pour un double meurtre commis dans sa ville natale de Fukuoka vinrent l'appréhender dans un cabaret où il s'était endormi saoul dans les bras d'une prostituée. La jeune femme, menacée par les enquêteurs, lui a attribué le crime. Il est aussitôt arrêté, incarcéré, accusé. L'enquête bâclée, puis le procès à charge font de ce jeune homme en rupture de ban familial un coupable idéal. Malgré les zones d'ombre qui permettront, trois décennies plus tard, de rouvrir son dossier, la sentence tombe: la mort par pendaison, toujours en vigueur au Japon où le débat sur ce sujet reste clos, voire impossible.

Aveux. Le pays du Soleil-Levant n'a jamais cessé d'exécuter. Cinquante-quatre détenus attendent aujourd'hui la mort dans les sept prisons où la peine capitale est pratiquée: Tokyo, Nagoya, Osaka, Hiroshima, Fukuoka, Sendai et Sapporo. Trois ont été pendus en novembre dernier. Une cin