La Cour constitutionnelle turque a décidé vendredi d'interdire pour «activités antilaïques» le parti islamiste de la Vertu (Fazilet), troisième force politique du pays, et de démettre de leur mandat deux de ses députés. Les cent autres représentants de ce parti à l'Assemblée resteront en fonction. Des nouveaux partis pourraient être fondés dans les jours prochains par les deux tendances au sein du Fazilet, modernistes et conservateurs, qui étaient engagées dans une lutte de pouvoir bien avant l'interdiction. La décision prise à la majorité des 11 juges évite ainsi des élections anticipées qui pourraient avoir de lourdes conséquences pour un pays frappé par une grave crise économique.
Cinq responsables du parti, dont les deux députés démis de leur mandat, Mme Nazli Ilicak et Bekir Sobaci, sont interdits d'activités politiques pendant cinq ans en raison de leurs «propos et activités» ayant provoqué l'interdiction du Fazilet. Les biens du parti seront transférés au Trésor.
Pression de l'armée. Le Fazilet avait été créé avant la dissolution, en 1998, également pour «activités antilaïques», du Refah de l'ancien Premier ministre Necmettin Erbakan, qui avait dû quitter le pouvoir sous la pression de l'armée et des milieux prolaïcs en 1997, après un an de gouvernement. Le leader historique du Refah et cinq de ses collaborateurs avaient été interdits de politique pour cinq ans aux termes de la décision.
Foulard. Parmi les cinq membres du Fazilet interdits de politique, figure Merve Kavi