C'est un hôte inconnu, dont les chancelleries occidentales peinent encore à cerner le portrait, que la France accueille aujourd'hui pour une visite d'Etat. Un an après avoir succédé à son père, Bachar el-Assad continue à donner de lui une image brouillée. Est-il un jeune président réformiste en butte à la «vieille garde» du parti Baas qui l'empêche de moderniser et de démocratiser la Syrie au rythme où il le voudrait? Est-il au contraire l'héritier politique de son père, soucieux de quelques aménagements économiques pour réconcilier la Syrie avec son siècle tout en maintenant l'emprise absolue des services secrets et de la nomenklatura sur le pays? Trop tôt pour répondre.
La Syrie est toujours dans une phase de transition, avec des batailles aussi rudes que feutrées entre les clans qui se partagent le pouvoir, ce qui fait que l'on ignore quelles orientations le régime prendra aussi bien sur le plan économique, politique qu'en matière de diplomatie régionale. Comme le confiait récemment un ministre syrien à un homme politique européen, «personne ne sait au juste ce qui se passe au sommet de l'Etat; si quelqu'un prétend le contraire, c'est un menteur». La visite à Paris de Bachar el-Assad, la seconde dans un pays européen après l'Espagne, sera donc suivie avec la plus haute attention non seulement par les dirigeants français mais aussi par les Etats-Unis et Israël. Chacun de ses gestes sera examiné à la loupe, chacune de ses paroles disséquée et interprétée.
Testament