Londres de notre correspondant
A peine un pied dehors et déjà traqués. Elargis vendredi par la justice de sa majesté, les deux assassins du petit James Bulger entament une vie de fugitifs. Coupables, à l'âge de l'innocence, d'un crime atroce, Jon Venables et Robert Thompson, devenus des adultes repentants, croyaient pouvoir repartir à zéro sous une fausse identité. Mais leur libération suscite de véritables appels au lynchage et les tabloïds annoncent qu'ils vont tout faire pour retrouver leur trace.
En février 1993, ce n'était que deux gamins laissés à eux-mêmes dans un faubourg de Liverpool. Des parents séparés, violents, alcooliques ou absents. Ils venaient d'avoir 10 ans lorsqu'ils ont profité d'un moment d'inattention d'une mère pour enlever son enfant dans un centre commercial. La scène, enregistrée par une caméra de surveillance, continue de hanter la Grande-Bretagne. Traîné dans les rues sous le regard à peine étonné des passants, James Bulger, 2 ans, a été battu à mort et abandonné en travers d'une voie de chemin de fer.
«Ambiance délétère». A quelques mois près, Jon Venables et Robert Thompson auraient été déclarés trop jeunes pour être jugés. Un tribunal les a condamnés à huit ans de prison. Sous la pression populaire, la sentence a été portée à quinze ans par le ministre de l'Intérieur de l'époque, selon une pratique interdite depuis par la Cour européenne des droits de l'homme. Ils auraient dû terminer leur peine dans une prison pour adultes. En novembre, la Haute