Bernard Kouchner parle d'expérience. Il connaît par coeur la lourdeur de la grosse machine onusienne. Il connaît le peu de poids des grandes déclarations générales et l'importance parfois des discussions en coulisses. Dimanche, juste avant de partir pour l'assemblée générale de l'ONU sur le sida à New York où il représente la France, le ministre de la Santé le reconnaissait sans mal: «La partie n'est pas gagnée.» Rarement un sommet a commencé sous des auspices aussi incertains.
Ingérence thérapeutique. «L'enjeu est énorme, argumente Bernard Kouchner. Avec la création du Fonds international, c'est rien moins que de se donner les moyens pour agir sur la santé dans le monde. C'est ce que j'appelle l'ingérence thérapeutique. Et cela ne se fait pas sans conflit dur.» Puis il détaille: «Pour le Fonds à présent, seuls deux pays se sont engagés à donner de l'argent, les Etats-Unis et la France: 200 millions de dollars pour les Etats-Unis, 150 millions d'euros sur trois ans pour la France, avec 100 millions d'euros par an en plus par le biais de l'effacement de la dette. C'est cela l'essentiel. De l'assemblée générale en elle-même, des discours des uns et des autres, ou de la déclaration finale, il n'y a pas grand-chose à attendre.»
Situation paradoxale. Vingt ans après le début de l'épidémie du sida dans le monde, c'est un peu comme si on revenait au seul point névralgique: l'argent. Preuve ou non d'un réel engagement des Etats du Nord. Depuis le Congrès sur le sida, qui s'est ten