Président de la Slovénie indépendante depuis dix ans, Milan Kucan, 60 ans, demeure le politicien le plus populaire de son pays. Ancien communiste du temps de la Yougoslavie, il a tenté, dés 1986 lorsqu'il était chef du parti slovène, de faire évoluer la Fédération.
Lorsque vous avez commencé à demander plus de liberté pour la Slovénie, pensiez-vous que la Yougoslavie pouvait exploser?
Je pensais que l'Etat allait mal mais je ne voyais pas encore une désagrégation de la Yougoslavie. J'espérais que l'Etat yougoslave saurait raison garder, qu'il serait capable de reconnaître les signes d'un changement nécessaire. Dans le même temps, je me disais qu'il fallait peut-être se préparer à l'indépendance. Une série d'événements a accéléré les choses et finalement il ne restait plus que cette possibilité. L'Etat fédéral était trop dogmatique, trop inflexible, trop soumis à l'hégémonie de la nation serbe. Ce que je regrette, c'est la façon tragique dont cet Etat a éclaté. La raison n'a pas prévalu. Il y avait un trop lourd contentieux historique entre les nations yougoslaves, même s'il y a eu des époques où il était très agréable de vivre en Yougoslavie.
On a l'impression que la Slovénie a tourné la page, qu'elle regarde plus vers le reste de l'Europe que vers ses anciens voisins yougoslaves.
C'est vrai et compréhensible. La Yougoslavie était formée de la réunion de deux espaces qui ont appartenu à des empires différents. Les Slovènes et les Croates viennent de l'espace occidental catholiqu