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Libération

Le sida, mal «étranger» et «décadent» en Egypte.

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Face à la pandémie, Le Caire pratique la politique de l'autruche.
publié le 27 juin 2001 à 1h22

New York de notre correspondant

L'amour à Taba. Un titre alléchant, une affiche affriolante. Au début des années 90, le film s'était taillé un beau succès sur les écrans égyptiens. L'Amour à Taba raconte l'histoire de trois jeunes Israéliennes, trois nymphettes en goguette affolant le mâle local. Il y a un hic : les filles en question ont été envoyées par le Mossad pour répandre le sida dans la saine jeunesse égyptienne. Une décennie plus tard, les choses n'ont pas beaucoup changé : le sida reste, aux yeux de la grande majorité des Egyptiens, un mal «étranger» et «décadent», la maladie des homosexuels occidentaux et des prostituées africaines. Bref, pas un problème de santé publique.

«Un millier de cas». Après tout, le plus peuplé des pays arabes ne compterait, selon les estimations d'Onusida, que 8 100 personnes contaminées ou malades, soit 0,02 % parmi la population adulte. Les données officielles égyptiennes font état d'un millier de cas de sida seulement. Autant que la faiblesse du nombre, c'est celle des données qui frappe : on ne sait pas grand-chose des pratiques sexuelles de la population égyptienne. Il est vrai que le premier malade du sida répertorié ne remonte qu'à la fin des années 80.

En Egypte, le sida reste un no man's land, ou plutôt une terra incognita. Ce n'est qu'en septembre 1996 qu'une ligne téléphonique de renseignements à destination du public a été créée. Une douzaine de professionnels répondent aux questions, souvent les mêmes : «Peut-on attraper le sid