Genève de notre correspondant
«Qui a laissé mourir Silvia ?», s'interroge l'hebdomadaire l'Illustré. Depuis le 1er juin, la question est dans tous les médias suisses. Comment un tel drame a-t-il pu se produire dans l'univers helvétique si contrôlé ? L'enquête n'en est qu'à ses débuts et l'opinion publique est encore bouleversée. Le cadavre de la petite Silvia, 16 mois, a été retrouvé le 1er juin en état de décomposition dans l'appartement genevois qu'elle occupait avec sa mère. La fillette était morte de faim et de soif après avoir tenté de survivre toute seule une douzaine de jours, se nourrissant de biscuits, de lait, et buvant l'eau des toilettes. Trois semaines plus tôt, sa mère, Susanna, une toxicomane de 22 ans, avait été arrêtée et emprisonnée pour un vol de téléphone portable. Condamnée à une peine de quarante-quatre jours pour une série de vols à l'étalage et sachant que le service de protection de la jeunesse avait l'intention de confier Silvia à une institution, elle avait déclaré que la petite se trouvait chez sa soeur.
Troublant. Les enquêtes policières et administratives devront déterminer pourquoi ni les services sociaux ni la police n'ont cherché la fillette, dont ils connaissaient l'existence. Car leur attitude est pour le moins troublante. Le juge en charge de l'affaire a confirmé que Susanna avait téléphoné à un ami depuis la prison pour lui demander de prendre en charge sa fille. Mais dans un terrible quiproquo, les proches de la mère ont cru chacun que c'é