Mission accomplie. Pour sa première visite dans un grand pays occidental, membre du Conseil de sécurité des Nations Unies, le président Bachar el-Assad peut se prévaloir d'avoir réussi sa prestation. Certes, le bilan du voyage, qui s'est achevé hier, est mince sur le plan économique premier but ouvertement déclaré de la visite. Sur le plan diplomatique, il n'a pas non plus permis de grande avancée. Mais pour le jeune chef de l'Etat, le principal enjeu était la scène intérieure syrienne et, surtout, régionale, où il a de grandes ambitions.
En réagissant avec un grand flegme aux attaques dont il a fait l'objet, notamment à la Mairie de Paris, en acceptant de s'expliquer sans s'énerver sur les propos antijuifs qu'il a tenus lors de la visite du pape dans son pays sans jamais pour autant les regretter, en répondant de façon décontractée et souriante aux questions de journalistes, il a montré une image en rupture avec celle, comme taillée dans le bronze, de son père.
Hier, lors d'une conférence de presse, il a annoncé que le journaliste et opposant Nizar Nayyouf, libéré le 6 mai dernier après avoir été emprisonné neuf ans, était autorisé à gagner l'étranger. Il a aussi reconnu que des forces opposées aux réformes en cours existaient aussi bien dans la jeune que la vieille génération de dirigeants. Dans un pays aussi pétrifié que la Syrie, c'est presque une révolution.
En même temps, les manifestations contre sa visite, loin de le desservir, l'ont renforcé dans le monde arabe.
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