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Libération
Interview

«Nos seuls alliés, finalement, sont les communautés de personnes touchées»

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publié le 28 juin 2001 à 1h23

Arnaud Marty-Lavauzelle, vice-président d'Aidseti (fonds de collecte de médicaments vers les pays du Sud), a été pendant dix ans président de Aides en France.

Quel bilan faites-vous de ce sommet?

Nous avons assisté à la régression des principes même de la lutte contre le sida. A nouveau, on se met à opposer prévention et soins. Une représentante allemande a été jusqu'à dire que «c'est quand même mieux de prévenir». C'est un retour en arrière inédit. A la création d'Onusida, en 1995, c'étaient les mêmes discussions, les mêmes blocages.

En plus, on a surajouté à cela une rivalité déplacée entre sida, tuberculose, paludisme. Agitant une pathologie contre l'autre et se servant de l'impuissance dans la lutte contre l'une pour ne rien faire contre l'autre.

Et puis, il y a cette impuissance institutionnelle qui devient insupportable. Ce sont les mêmes qui n'ont rien fait depuis dix ans qui sont dans les délégations internationales. Que peut-on attendre d'instances internationales comme l'OMS, l'Unicef, qui ne donnent même pas l'accès aux médicaments à leur personnel? Sans parler du clash avec les pays musulmans.

Quant aux messages politiques, seul Bernard Kouchner a tenu un discours provocant, mettant ses collègues politiques en situation de responsabilité, les accusant de non-assistance à personnes en danger.

L'impuissance actuelle n'est pas qu'une fatalité...

Les structures de santé internationales sont les seules qui n'ont de bilan ni de comptes à rendre à personne. A New York, on a se